Ce matin, c’est le grand jour : celui du test du sucre, tant redouté, tant attendu. Ca consiste à faire 3 (t-r-o-i-s) prises de sang à une heure d’intervalle pour voir si on n’a pas de diabète gestationnel. Une première à jeûn, une deuxième après une heure, l’autre après encore une heure, pour voir comment le corps réagit au sucre.
La labo est ouvert le samedi matin, j’ai trop peu dormi cette semaine alors je comptais en « profiter pour dormir tard ». Heureusement dès que j’ouvre un oeil, Lola, à l’autre bout de l’appart, commence à geindre pour que j’aille la chercher. Je ne sais pas comment elle fait pour sentir que je me réveille mais c’est comme ça tous les matins. D’ailleurs aujourd’hui ça m’a sauvée.
Car j’ai un doute :
« Si le labo est ouvert le samedi matin, mais que ça prend 2h minimum pour faire ce test… je peux arriver jusque quelle heure? »
Je téléphone et on me dit :
Vous pouvez arriver jusque 9h30 au GRAND PLUS TARD.
Et ouais, la grossesse ça rend bête. Heureusement j’ai eu un éclair de lucidité qui m’a sauvé.
Au boulot c’est pareil, la semaine passée je me dis « oh tiens, je n’ai rien à faire! Je vais en profiter pour faire ce que je n’ai pas le temps de faire d’habitude, faire ma veille etc…. » le lendemain je me rends compte que j’avais oublié de faire LE truc que je dois faire le mardi après-midi, qui est pourtant noté dans mon agenda mais non. TROU NOIR.
Il est 8h29, je dois encore prendre ma douche et promener le chien, heureusement pas besoin de prendre de petit dèj’. Si je prends mon vélo je fais le trajet en 20 minutes selon mes archives RunKeeper, mais… la batterie n’a pas été chargée lors de sa dernière utilisation et est presque à plat. Tant pis, pas le choix. Je devrai puiser dans ma batterie personnelle pour pédaler, même à jeûn. On est une warrior ou on ne l’est pas.
Dans mon sac à dos, un kit de survie : Carte SIS, papier pour la prise de sang (j’aurais pu l’oublier…), macbook air et son chargeur, chargeur du vélo, et chargeur de Flexyflow! (=une boîte de biscuits Delacre pour après). J’ai pensé à TOUT.
Par contre sur le trajet, de nouveau, mon QI baisse. Je me plante de trajet, pense faire un raccourci alors que je me complique juste la vie. Par exemple prendre l’avenue des Villas (rue la plus en pente du coin après la rue du Mystère, qui s’escalade) alors que je dois économiser de la batterie.
J’arrive tant bien que mal à l’hôpital, en sueur. Il est 9h28.
Ceux qui me connaissent le savent, autrefois dans la vie j’avais deux phobies : les ascenseurs et les piqûres. Tout cela va +/- mieux : j’ai un ascenseur nickel dans mon immeuble régulièrement entretenu qui m’a réconciliée avec eux, et un de mes contacts Facebook a posté une anecdote qui lui est arrivée à propos d’une prise de sang tellement drôle (pour ceux qui la lisent, pas pour lui), que depuis à chaque fois je pense à lui et me marre. :D
(Maintenant j’attends une anecdote rigolote sur une péridurale pour éventuellement l’accepter, mais je peux toujours attendre…)
Ca n’empêche à 9h29, dans l’ascenseur, alors que je me prépare à affronter 3 prises de sang tout en préparant mentalement un discours pour qu’on me laisse passer malgré mon arrivée « au grand plus tard », JE STRESSE.
La dame à l’accueil ne me fait aucune remarque, et je peux patienter. Je dois super fort aller aux toilettes mais j’ai tellement peur de louper mon tour que je patiente. Discrètement je cherche une prise pour recharger la batterie de mon vélo, je change 3 fois de place avant d’en trouver une, et… mais, pourquoi tout le monde passe devant moi?
Vu les 2h d’attente et la fermeture à midi, il s’agirait de ne pas louper la dernière prise de sang et revenir samedi prochain, n’est-ce pas? Je passe finalement à 9h55, tout juste.
Dans la salle d’attente, je vois que je suis la seule femme enceinte non-accompagnée. Je me demande ce qui les motive à faire venir leur mec avec. Elles se disent sûrement « je vais subir un truc lourd, y pas de raison qu’il se la coule douce pendant ce temps« ? Ou c’est eux qui insistent pour venir les soutenir peut-être? Je sais pas.
Moi, ça me paraissait évident de pas l’emmerder avec ça.
C’est mon tour.
Lors de mes dernières prises de sang, les infirmières étaient super sympas. Là, la dame fait juste son boulot. Je ne lui en veux pas, mais je ne suis toujours pas fan de prises de sang et le malaise grandit.
Elle me demande si je préfère la solution sucrée à l’orange ou au citron en déposant mes tubes pleins de sang juste devant mon nez.
Euuuuuh, OrAnNgEeeE…
avec la voix toute tremblotante déjà à la limite de tomber dans les pommes. Il faut boire ça devant l’infirmière (genre, on va tricher?) mais comme j’ai soif, je bois tout d’une traite. Alors qu’on m’avait briefée sur le caractère dégueu de la chose, franchement je trouve que « ça va ». Puis j’avais tellement soif…
Après ça, en perspective des deux heures d’attente, je me dis que j’irais bien demander le code du WiFi à l’accueil. Mais une fois devant l’ascenseur je commence à voir des petites étoiles, et imaginer faire un malaise dedans pour qu’on m’y retrouve desséchée 3 semaines plus tard n’arrange rien.
Je fais demi-tour et tente de me relaxer. Mais à côté de moi il y a une dame en sandales en cuir et je sens ses pieds, berk! En une fois je me demande si la solution sucrée passe si bien que ça, j’ai envie de gerber mais je me concentre foooooort histoire de pas tout faire foirer. J’en ai marre, j’ai envie de pleurer, de demander à la mey de dégager avec ses pieds, que mon amoureux vienne me réconforter… :'(
Je mets bien 20 min à m’en remettre et oser me lever à nouveau. Par contre à l’accueil la dame a autre chose à faire (une sombre histoire de clés perdues…) et je m’accroche tant bien que mal au comptoir pour ne pas tomber. J’ai réussi à avoir mon précieux de justesse.
De retour dans la salle d’attente, c’est bientôt mon tour pour la deuxième tournée, je régale!
L’infirmière veut prendre mon autre bras, mais au lieu de se mettre de l’autre côté pour que mon bras soit à plat sur l’accoudoir elle me demande de me tourner et de tendre mon bras. Apparemment j’ai eu un réflexe de recul quand elle a voulu me piquer puisque je me retrouve avec du sang partout sur moi, une infirmière qui râle sur le dos et me dis « bon, vous allez avoir un gros bleu. On reprend l’autre bras mais ne bougez pas hein!« . Euuuh… ??? OKAY.
-Vous allez pas piquer dans le même trou quand même?
-Non, juste à côté.
Trop gentil.
« Voilà vous pouvez y aller, je vous rappelle dans une heure, appuyez bien sur les deux tampons« . Je me retrouve bras croisés à appuyer des deux côtés, quelle drôle de position.
C’est bientôt mon tour pour la troisième tournée, j’ai déjà peur de quel bras l’infirmière va choisir.
Maintenant, je sais pourquoi il ne faut pas venir subir ce genre de choses seule… comme quoi, la grossesse ça rend bête. Et/ou trop gentille.
Par contre je ne sais pas comment je vais pédaler jusque chez moi… pas les bras croisés, ça c’est sûr.
Commentaires
3 réponses à “La grossesse, ça rend bête”
J’ai aussi passé cette épreuve, mais je crois que j’ai un peu moins douiller que toi :(
En france ou tout du moins dans ma boite, une femme enceinte a le droit de passer des examens médicaux pour le suivi de sa grossesse sans dépasser une demie journée d’absence.
J’ai donc fait le test en pleine semaine, au labo juste a coté du boulot. Je me suis dit, comme je suis a moins de 5 min a pied du taf je pourrais peut etre aller voir les cops le temps de patienter ! Que néni !
Je n’avais donc pas prévu plus d’occupations que ça: GROSSIERE ERREUR !
Tu as eu de la chance avec les piqures, moi la 3eme a été faite dans le bras et le trou de la 1ère piqure, et bien ça bah ça coulait pas, alors j’ai vu l’infirmière tourner dans tout les sens la put*** d’aiguille pour que les petits tubes se remplissent. Sans succès ! ET PAF, un beau bobo sur le bras gauche.
Elle tente le bras droit, toujours rien. Bien évidemment ne m’étant pas vidée de mon sang en 2h, elle change de tube! Et la, oh joie, les tubes se remplissent enfin.
Je pense que ce sont des moments difficiles sur le coup mais ça te fera des « souvenirs » de cette grossesse !
PS: moi aussi, n’avoir peur de la péridurale :'( :'(
Bisous
ah c’est dégueu ça piquer dans le même trou, berkkkkkk
allez on est des warriors ! :D
Pareil, j’ai moins douille ou alors je m’en souviens plus! ! Arrivée en semaine à vers 7h30 – 8h avant le boulot, et partie vers 10h pourtant je suis une grosse flipette des piqûres… Mais bon pdt la grossesse c’etait tous les mois :) puis Boire ce truc (pareil je m’attendais a pire pour le goût…). Mais bon, même reflexe pour les Delacre après dans Le métro pour repartir au boulot ! :)) allez courage ! Le plus dur est déjà derrière :)