Hier, j’ai machinalement partagé un article potentiellement awesome sur Google Reader. Le voici:
Je vous le traduis brièvement:
Un matin d’hiver, un violoniste a joué dans le métro 6 pièces de Bach, et personne ne l’a remarqué.
Ce que personne ne savait, c’est que ce violoniste était Joshua Bell, un des plus grands musiciens du monde. Il a joué sur son violon à 3,5 millions de dollarrrrrrz.
D’où la question: dans un environnement commun et à une heure inappropriée, percevons-nous la beauté? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte différent?
Conclusion: si nous n’avons pas le temps de s’arrêter pour écouter l’un des plus grands musiciens du monde, qu’est-ce que nous ratons d’autre?
C’était donc une expérience menée par le Washington Post en 2007:
OK, j’ai trouvé ça dingue, je l’ai partagé, j’ai failli le Facebooker, tellement j’ai trouvé ça AWESOME. Puis j’ai promené le chien, et j’ai réfléchi.
Car c’est souvent quand je promène le chien que je réfléchis, et, oh, que je prends le temps.
J’en ai tiré 3 conclusions perso:
- je ne sors plus de chez moi sans mes écouteurs, je n’aurais pas remarqué non plus ce violoniste
- cette expérience a été faite à une heure de pointe, où les gens vont au boulot, et n’ont certainement pas le temps de s’arrêter pour écouter, et la plupart ne l’ont d’ailleurs pas remarqué
- je devrais plus souvent réfléchir avant de partager ;-)
- je ne sais pas si c’est parce que je suis susceptible, mais je trouve ça un peu gonflé de tirer des conclusions pareilles (pas les miennes, celles sur le post initial, celles qu’on peut se faire à sa première lecture)
Ok, parce que le pey remplit une salle à 100$ la place, ce qu’il fait est d’une beauté absolue et incontestable, et on doit s’arrêter et l’écouter?
Je dis non.
Parce qu’on est passé à côté, on n’a pas de goût et/ou on ne prend pas son temps et/ou on ne sait pas profiter de la vie et/ou on est des grosses merdes?
Je dis NON, madame, monsieur!
Je prends mon temps, je le prends même très bien.
Grâce à Kiki, souvent. Chaque fois que je le promène naissent des idées, que ce soit pour mon blog ou des projets secrets. Je profite du paysage, je fais le point, j’observe les gens, et même si j’écoute ma musique, je sais quand il faut tendre l’oreille. Et si quand je promène le chien y a un clampin qui me frotte la manche je l’enverrais sûrement à la merde aussi. Il n’a pas vraiment le sens du show ce bonhomme, remarquez, j’en connais des saltimbanques qui font bien mieux aux carrefours.
Tout ça pour dire, il n’y a pas que des gens surmenés dans le métro qui ne savent pas profiter de la vie. Même à Washington en heure de pointe.
Ca me rappelle cette histoire que j’ai déjà du vous raconter sur mon blog: ma prof de français en rhéto qui nous fait un sermon comme quoi nous, les jeunes, ne savons pas “jouir” de la vie, nous ne savons qu’en profiter, avec nos gadgets électroniques qui nous accaparent blaaaaaaaablabla.
Le soir même, un coucher de soleil merveilleux se produit, un de ceux dont on parlerait sur Twitter tellement les couleurs sont remarquables.
Le lendemain, première heure, elle commence son cours en nous disant “j’imagine que vous n’avez pas remarqué le coucher de soleil hier?”, et nous avons été plusieurs à lui avoir montré des photos dudit soleil, prises avec notre GSM.
Comme quoi. Les gens.
Commentaires
7 réponses à “Slow down DTC”
Si on court, c’est en général parce qu’on calcule trop nos temps de trajet et que l’on pare au plus juste à chaque fois. Partir un peu plus tôt c’est une habitude à prendre, arriver quelque part et voir que l’on a encore 20 à 30 minutes devant soi est un réel bonheur, cela permet surtout d’atténuer le stress. Et cela préserve en général des imprévus, le nombre de fois que je me suis dis « Mince, mon train est en retard » et que je suis allé boire un café en confiance car ce retard réduisait simplement mon avance.
Sur ce, je vais vite me préparer car je suis à la bourre. #truestory
@sphearis j’avais pas pensé à ça… Perso je suis ponctuelle, donc j’arrive toujours 5, 10min à l’avance à mes rdv. Du coup c’est vrai que je prends le temps sur le trajet, j’ai même pris l’habitude de descendre un arrêt de bus/tram avant/après histoire de pouvoir marcher un peu et profiter :)
(tu tires 3 conclusions en 4 points, dis ? ;) )
Me souviens d’avoir lu cet article à l’époque (mon homme me l’avait filé), je m’étais fait la même réflexion, je n’écoute pas, pas parce que je ne profite pas de la vie mais parce que, justement, j’ai envie de profiter d’autres choses que des couloirs du métro (de mon homme, de mon chez moi, de mon fils, de mes copines) donc… je speede ! ;-)
Top, ton article ! Pas l’expérience du Post, mais ce que tu en dis. Parce que c’est vrai quoi, marre de ces gens qui nous font culpabiliser pour tout ce qu’on fait, ce qu’on ne fait pas, ce qu’on aurait pu faire… et puis nous faire culpabiliser parce qu’on n’est pas assez heureux et décontractés, ça c’est le comble !!!
J’ai déjà vu des attroupements en heure de pointe devant des chanteurs de rue particulièrement doués. J’avoue sans honte ne pas être capable de reconnaître un morceau de violon super compliqué joué par un violoniste réputé. Les gens se seraient peut-être arrêtés plus longtemps pour un beau coucher de soleil. Et puis je revendique le droit de choisir les moments où je prends mon temps. Voilà, na.
Et je m’en vais de ce pas partager ton billet, tu permets ? :D
Je ne suis que partiellement d’accord avec toi …
S’il est vrai que je suis aussi un adepte du casque sur les oreilles, je serais aussi sans doute passé à coté sans le voir. Et je pense que c’est dommage. Que parfois, ça fait du bien de s’arrêter et de se laisser surprendre par la Vie.
Tout comme Marie, j’aime bien profiter de la Vie avec mes amis, ma famille, mon chez moi …
Mais je pense que le message derrière cela, c’est qu’il faut parfois enlever son casque et casser ses habitudes et que la vie peut nous réserver de (très) bonnes surprises. Que le couloir de métro, sombre, n’est pas qu’un lieu de passage, on peut aussi y faire des bonnes(ou moins bonnes, mais bon) rencontres.
Tu dis aussi, qu’il n’a pas le sens du show, mais ce n’est pas du tout le but de la manœuvre ici … Le plus grand talent du monde peut passer inaperçu, s’il ne fait pas des pieds et des mains pour être reconnu. Et c’est là que le bât blesse !!
@nathalie fais donc ;-)
@Alex7277 ah mais je peux aussi me laisser surprendre, hein. Par contre il faut réussir à attirer mon regard, et ça c’est différent :)
Pour ce qui est d’être reconnu, ici le pey jouait du classique avec une casquette pour ne pas qu’on le reconnaisse. Les artistes de rue font quand même mieux pour se faire remarquer, oui.
@Marie oui j’ai oublié d’éditer :D
Je viens de lire ton article et la dernière partie, l’anecdote de ta prof de français, me fait halluciner. Soit on a eu la même prof de français (une prof passionnée et habillée généralement avec des chutes de vieux rideaux à motifs), soit les profs de français ont tous les même aprioris sur notre génération.
Parce que les mots jouir et profiter + gadgetophone on les a entendus plus d’une fois pendant deux ans, 5h par semaine.